Mobirise

1949 : Les yeux ouverts, premières lumières…
Quelques années après, parallèlement à des études à Dauphine, premières photographiques et des pas dans les traces des autres. Tentative d'analyse et de compréhension de leur vision, démythification du raisonnement, ingestion et digestion pour atteindre une autre vision non encore définie, plus personnelle celle-là, mais encore latente.
Participation assidue au stage expérimental photographique de Claudine et Jean-Pierre Sudre. Passionnés de musique et d'image, mélange détonnant de gélatine argentique, de sonorités tant classiques que jazzy et de séminaires aussi bien culinaires qu'œnologiques ! Mais surtout, la liberté de vision, de création et, juste à portée de main, la connaissance et la transmission du savoir-faire nécessaire à cette soif. Grand merci à Claudine et Jean-Pierre, parce que, sans eux…

Ingérer tout ; tout de suite ; rejeter l'inutile. Ne garder que ce que je considère comme intéressant et ignorer le reste ; mauvais ou médiocre. Et puis déjà une volonté, incontournable, celle de ne tirer que trois images et une E.A., avant de détruire le négatif. Contre bien des avis, je pense toujours que cette capacité de multiples n'est pas à l'avantage de la photographie. L'épreuve doit avoir une prolifération limitée, tant pour celui qui en est l'acquéreur que pour celui qui en est le créateur.
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1974 : Le Canada.
Pendant cette période-là, vision toujours en noir et blanc, très classique, mais déjà une ouverture vers autre chose. Tout doucement, au cours de ces six ans au Québec, passage de la vision "classique", celle des années 70, vers un monde plus abstrait, des essais de miroirs/symétries altérées et autres recherches. Distanciation de plus en plus évidente d'avec la vision "classique" de la photographie, vision non satisfaisante.

Je pense que l'apparition de la photographie au XIXème siècle, représentation de la "réalité" vraie est un des éléments qui a permis à la peinture de se dégager du classicisme représentatif pour s'ouvrir à l'Impressionnisme et aux mouvements qui suivirent, jusqu'à Rothko, de Staël et bien d'autres. Comme si la photographie avait permis à la peinture de faire sa crise d'adolescence, sorte de refus menant à l'éveil.

Alors la photographie ! Toujours le pouce dans la bouche ? Une chose est sure, je n'ai jamais accepté qu'elle ne soit qu'un "art moyen" comme l'a écrit Bourdieu.

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1985 : Les années de vacuité, de point mort.
Sommeil ?

Les visions du lendemain, pâles reflets de celles de la veille, avec en plus la perte de cette technique si chèrement acquise par manque de pratique. Rien que du déjà-vu, du déjà-fait et techniquement de plus en plus médiocre. Plus de novation, plus de création, des mots, juste des mots face à des murs, des mots de plus en plus vides, l'esprit absent, en vacance.

Au cours de ces années, dans la continuité, j'ai créé une société d'événementiel alliant l'image et le son. L'image, toujours au fond de moi, parée d'un raisonnement conceptuel embrouillardé par un verbiage bien au point. Tellement qu'une partie de moi-même était toujours dans la photographie.

"Cesse d'en parler, fais-en et on en reparle !" Merci à celui qui m'a ramené brutalement à la réalité un soir de beuverie constructive ! Cela m'a mené à l'éveil au numérique, pas plus facile – c'est une autre technique - mais plus immédiate et plus malléable.

2005 : Le retour ! 
La grande claque, le grand bain, l'enivrement, la noyade, avec la découverte d'un nouveau monde jusqu'alors inconnu ou craint : la couleur.
Et la vision retrouvée : projection de soi, de sa réflexion dans un monde de composition, de structures, de lignes de forces, de masses, avec une première perception, toute graphique. Transition vers une seconde vision par la découverte – pas évidente – d'un sujet concret. Passage dans un autre monde, celui de la réalité.
Et puis des libertés, les doubles, triples, etc. Bien d'autres visions, toutes de plus en plus enrichissantes.